D’où vient l’origine du mot Vert ? Puisque pendant longtemps on ne le distingue pas du bleu.
Les historiens disent même que la couleur n’existe pas en Grèce car personne ne la nomme. Elle semble bien absente de la littérature. Mais pour autant est elle inexistante du paysage ?
Les historiens ont même émis l’hypothèse que, peut-être, leur oeil ne voyait pas cette couleur. Je sais, par le biais des copines qui sont allées en voyage en Grêce, que là-bas, la couleur verte leurs manquaient. Pas assez de verdure, contrairement à l’Asie ou l’ Irlande, la Normandie ou la Bretagne. Elles m’ont toutes fait part de leur envie de voir du vert et de rentrer vite, à al recherche du vert perdu pour apaiser leur vu.
Du vert, du vert, du vert.
Alors, allons chercher sa racine pour comprendre sa naissance.
Voici quelques origines des mots des couleurs en grec :
Leukos = blanc
Melanos = noir
Erythros = rouge
Kyaneos / cyan = bleu foncé, noir ou brun, couleur sombres
Glaucos = Vert, gris, bleu, jaune, brun, couleur pâle verdâtre, jaunâtre
Chloros vert jaune
Smaragdinus vert emeraude
Chez les romains l’on trouve un vocabulaire un peu plus étoffé pour la couleur verte et une racine naissante :
Viridis = verde= vert
Viridis vient de viridarium, un lieu de verdure qui qualifie le verger
de ce terme nait « virene » vigoureux. Vert serait alors associé à la vigueur, la force.
Vis c’est la force
Vir correspond au masculin
Ver désigne le printemps – vernal = la primevère
Virga est une tige
Virtus, la vertu
VIRIDE EST ID QUOD HABET VIRES = est vert ce qui possède des forces.
Herbeus, le vert de l’herbe
Prasinus, prasinos, un vert criard, c’est la couleur du poireau, « porraceus » et des verts foncés, vert épinard.
Glaucus, vert-gris, vert bleuté
Galbinus, un vert jaune; d’où l’allemand tire sans doute son origine pour la couleur jaune qui se dit Gelb
Vert est une couleur germanique, importée du Nord. Ces derniers ont d’ailleurs des techniques tinctoriales que les autres peuples méconnaissent. Ce qui permettra une fusion gallo romaine et une couleur verte qui tient, alors que jusque là elle est instable.
Entre le IXe et XIIe siècle il existe le vert germanique, le vert scandinave. Les pirates Normands portent des tuniques vertes. Elle est la couleur des marins du Nord, celle des Vikings.
Elle est alors une couleur qui porte chance.
Lorsque le Viking islandais Eric le Rouge conquiert le Groenland, il lui donne le nom de Terre Verte. Groen se rapproche de grün, vert en allemand.
De l’autre côté de la Méditerranée, entre Atlantique et océan Indien, la couleur verte devient sacrée. Elle représente les dynasties. Et ne peut être utilisée dans la fabrication de certains textiles comme les tapis. On ne marche pas sur le vert.
Vert est la couleur d’Osiris. Le vert/bleu est sensé éloigner le mal.
La couleur verte apaise l’oeil et la vue. Elle calme les nerfs. Elle est la couleur emblématique de toute la pharmacopée et pour cause, ne sont-ce les plantes guérisseuses qui nous sauvent ? « Il faut manger de la verdure » me répétait le père d’une amie Sarde. J’ai découvert les « chemins de la nature » et les balades proposées m’ont ouvert vers cet univers de vert qui nous fait tant de bien. Même si certains verts sont aussi très toxiques et de véritables poisons comme la ciguë. Certaines feuilles vertes ont de véritables vertus pour la santé. Les tilleuls en allemand se disent Linden. De Linden, les tilleuls nait le verbe lindern, soulager les douleurs.
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Le jardin, la nature, le verger sont des lieus paisibles et des lieus de repos, d’harmonie. Depuis toujours. Aujourd’hui encore, pour de nombreuses personnes. L’on aime se promener dans les parcs, les jardins, les forêts, être au milieu des plantes. Marcher dans l’herbe pour se calmer. Pendant longtemps l’on valorise les jardins, on les sculpte, on en fait des lieux d’art. A l’époque féodale la nature acquiert une place de premier plan. Au Moyen Age le goût pour la nature s’exprime à travers le verger.
D’ailleurs les deux premiers humains étaient dans un jardin, un parc terrestre, le paradis c’est a dire la bonne terre et non un lieu céleste, invisible et impalpable. La Paradis est sur terre dans un jardin luxuriant. En latin il y a un double mot ou un mot à double sens. Il s’agit de « Malum » le mal mais aussi tout fruit ayant des pépins ou des noyaux. Une erreur s’est alors encore immiscée entre malum le mal, ce qui est mauvais, faux et Malum une pomme. Nul ne sait quel était ce fruit symbolique à ne pas manger pour montrer son respect à un créateur et sa sousmission à ses lois, principes et règles, comme un phare gardant les marins. Etait-ce une orange, une figue, une grenade, une papaye ? Peu importe, ce qui m’intéresse c’est le lieu vert où vivent les premiers humains et ce terme malum pour designer en quelque sorte par extention le vert, la verdure, le verger, qui est à la fois bon ou mauvais, (juste ou faux). Selon la toxicité de la plante et ce jardin ou cette forêt à la fois reposante et inquiétante. Et ce jardin tant recherché, ce paradis perdu que l’on souhaite rétablir sur terre et vivre dans une verdure reposante. Au 12e siècle la littérature met le verger à l’honneur comme espace clos, sécurisant. Sortir de la zone de confort équivaut à être chassé du paradis c’est a dire du jardin protecteur pour affronter la nature et ses dragons. Le modèle de ces jardins dans ces romans est le jardin d’Eden.
La couleur verte est alors ce lieu de repos, calme, qui régénère. Mais par la suite elle devient aussi la couleur du Diable, la couleur des sabbats et des sorcières que l’on fête le 1er Mai.
Néron adore la couleur verte et la met à l’honneur. Néron adore la verdure, il aime par dessus tout manger des poireaux, bénéfiques pour le coeur. Je pense qu’ils accompagnent tous ses plats. Il adore la couleur verte pour apaiser sa vue et en met partout, en veut partout. Il rêve de la ville verte.
Ses écuries, l’hippodrome, les équipes pour les courses de char, les étoffes, la soie. On ne supporte pas que les bleus gagnent les courses de char. Tout le monde est du côté des verts. Déjà à cette époque, si la mauvaise couleurs gagne, les émeutes éclatent.
Vert prasinus, la couleur du peuple, s’opposera à bleu venetiani, la couleur du Sénat.
A Rome la couleur verte se retrouve très valorisée. Mais régresse sous Saint Louis qui imposera le contraste bleu rouge.
Si certains peuples, certaines époques valorisent la couleur verte, chez d’autres peuples, d’autres époques, la couleur verte est jugée indigne. Pendant longtemps la couleur verte est dans certaines régions dans le mauvais groupe comme sa copine jaune. Longtemps valorisée, la couleur finit par devenir péjorative, elle est la couleur des bourgeois, des aristocrates, Alceste la représente dans le « Misanthrope » de Molière. Elle devient la couleur de ceux qui s’enrichissent, sont avides, elle devient la couleur des provinciaux, la couleur des ignorants, des gens rustiques qui cherchent à imiter les gens de la capitale. Pourtant avant cela elle est la couleur qu’il faut porter.
La couleur de la jeunesse, de l’amour, des saisons qui naissent.