La route en mer, y cheminer, les caps pour définir sa position

Lorsque j’ai passé mon permis hauturier, je n’avais encore jamais navigué. Je venais d’obtenir le permis côtier en 1998 et je me confrontais alors au permis pour la haute mer. Une carte et ses pictogrammes, ses abréviations, partir d’un point A pour arriver à un point B sans atterrir ou amerrir ailleurs. Il a fallut que j’apprenne de savants calculs.

Le cap vrai et le cap compas, le cap magnétique

La déclinaison et la Déviation

Cv = Cc + d + D

Cc = Cv – d – D

Le Nord Compas est différent du Nord vrai. Il faut alors faire ces savants calculs pour trouver le Nord Vrai, le nord géographique et donc le cap vrai du voilier.

Cc – d – Cm – D= Cv

Cv = Cc + d+D

Cc= Cv – d- D

CcCap compas: le compas donne le cap du navire par rapport au “Nord compas”
attention: le “Nord compas” diffère du “Nord magnétique”, voir déviation (d)
ddéviation: la déviation est la différence angulaire entre la “Nord compas” et le “Nord magnétique”. Cette différence est due à l’influence des différentes masses métalliques du navire
Important: la déviation varie avec le Cap du navire. Elle est positive si Cap à l’Est (E) et négative si Cap à l’ouest (W) (voir la courbe).
Cm

Cap magnétique (Nord magnétique): il n’apparait que dans les calculs (pas sur les cartes).
La différence entre Cap magnétique et Cap compas est égale à la déviation (d)
D
Déclinaison: différence angulaire entre le “Nord magnétique” et le “Nord vrai” (nord géographique des cartes). La déclinaison varie dans le temps et en fonction du lieu géographique (voir les cartes)
La déclinaison est “négative” si le Nord magnétique se trouve à gauche (W) du Nord vrai: cas de la France métropolitaine (environ -4° W). Elle est “positive” si le Nord magnétique se trouve à droite (E) du Nord vrai. Elle décroit annuellement en France de 7′ (E). Elle est indiquée sur les cartes marines.
WVariation: somme algébrique de la déviation (d) et de la Déclinaison (D). Elle permet de passer du Cap compas (Cc) au Cap vrai (Cv)
W = d+ D et aussi: W = Zv – Zc ou encore W = Cv – Cc
CvCap vrai: angle entre la direction du Nord vrai des cartes marines et l’axe du navire, dans le sens des aiguilles d’une montre
Cv = Cc + W et aussi: Cv = ZvGis
ZcRelèvement compas: angle entre le Nord compas et la direction d’un Amer, dans le sens des aiguilles d’une montre, voir ci-dessous
Zc = Cc + Gis
ZvRelèvement vrai: angle entre le Nord vrai (carte) et la direction d’un Amer, dans le sens des aiguilles d’une montre
Zv = Zc + W et aussi: Zv = Cv + Gis. Pour passer du gisement d’un point (Gis) à son relèvement (Zv), il suffit d’y ajouter le Cap vrai (Cv)
GisGisement: angle formé par l’axe du navire et celle d’un point (amer ou autre embarcation), dans le sens des aiguilles d’une montre
Gis = ZvCv. Il permet de situer un point par rapport à l’axe du navire
 Alignement: droite passant par 2 amers visibles de la mer
Suivre un alignement consiste à placer son navire sur cette droite. Exemple: clocher, Tour, etc.

http://www.reussir-permis-bateau.fr/test-permis-hauturier/p_h_caps/index.html

Je me suis un peu court-circuité les synapses pour cette première étape.

Puis il a fallut apprendre la route de fond, celle que trace vraiment le voilier si il tirait son ancre dans le sable. S’adapter à la route surface pour compenser la déviation du aux courants et aux vents.

Ainsi si je fais cap au 180, le courant peut me porter au 185 et le vent au 190 et donc, je loupe ma destination.

Alors il faut compenser et faire un cap au 170 pour arriver sur zone. Contrer le courant qui nous pousse. Si par exemple le courant nous dévie sur la droite , on le contre en allant sur la gauche pur compenser la perte.

Il faut apprendre à repérer trois points à terre, faire la somme de ces trois points en les croisant par des droites et se retrouver un centre d’un triangle pour avoir sa position.

Ceci bien que très complexe est très passionnant.

je navigue alors dans l’espace de la cartographie.

Route ou chemin pour naviguer

photo prise à bord de la Bisquine la Granvillaise en route pour les îles Chausey

Hodos, étude des routes et des voyages. Je commencerai alors par ce mot qui renvoie à l’exode et à la méthode. Comment cheminer, comment notre appréhension du chemin, notre manière de l’arpenter nous influence sur l’image que nous avons du chemin. Quel impact le chemin a t il sur nous et quel impact avons nous sur le chemin ? Comment le dessiner. Quelle influence avons nous sur la mer ? Certes nous ne pouvons la transformer comme des chemins que l’on structure à terre, des paysage que l’on modifie pour y installer des routes, des maisons, des administrations, des panneaux signalétique.

La mer échappe à une structure et heureusement. Mais l’humain y a son impact. Impact par la pollution qui modifie son espace. Impact sur le climat et le monde qui y vit. Impact sur sa structure avec les réseaux téléphoniques, les sondes indiquées sur les cartes marines. Impact avec les bateaux et les immeubles flottants, les yachts, … La mer change le paysage terrestre.

Je me suis interrogée sur l’étymologie des mots route et voyage, route et chemin. J’ai découvert que la route est un mot créée pour parler du voyage terrestre à cheval. Le longue route de Moitessier me vient alors à l’esprit sur son voilier. Qu’est-ce que la route en mer ? Une route qui bouge, se forme, nous emmène, une route flottante. Comment alors ne pas penser à Florence.

Dans son livre « La Mer », Jules Michelet écrit qu’il convient de commencer toute géographie par la mer. La mer et sa chorégraphie, son chorus. Je relis John Brinkerhoff Jackson pour relier les mots à la mer. Je relie l’auteur à l’océan. Pour cheminer et trouver ma route. Faut-il parler de route ou de chemin ? Telle est la Question que se pose l’auteur de ” A la découverte du paysage vernaculaire.”

L’auteur préfère utiliser le mot chemin. « Way » signifie « chemin » mais aussi « direction » et par extension, « projet » et « façon ». Nous « avons notre manière à nous » (have our way), nous « faisons les choses d’une certaine façon » (do things in a way), nous « suivons un mode de vie » (a way of life). Les moyens divers et variés (ways and means) évoquent les ressources dont nous disposons pour arriver à nos fins et, de ce fait, il y a deux mots dans hodos qui en portent la marque : exodus (exode) qui désigne le départ et method (méthode) (avec hodos à l’intérieur de la deuxième syllabe), un moyen (way) d’action régulier ou systématique. « Way » en somme est le moyen par lequel une fin, un but, peuvent être atteints.

Which way to choose …

peintures sur papiers

Après une petite pause créative, la couleur nécessaire et ses amers revient vous faire rêver et vous raconter des histoires de mers en peinture où se mélange le figuratif, les photos et les couleurs des signaux.

Je vous laisse découvrir les phares et balises du raz de Sein, en Bretagne, Finistère au cap Sizun.

Cherchez l’intrus, un chien se balade métaphore des lieux dits en mer. Tout en bas une peinture du port de Pianottoli Caldarello en Corse du sud, où j’ai effectué une saison sous le soleil continu et la sécheresse avec des restrictions d’eau. Une heure le matin, une heure le soir, pas trop longtemps. Nous avons du faire venir de l’eau par conteneur car il n’y en avait plus du tout au village.

J’ai remarqué que les loueurs de voiliers, de catamaran, ceux qui vivent sur un voilier comme en camping, usent de l’eau comme d’un puits inépuisable. Mais ce n’est pas le cas. Ils venaient tous acheter de l’eau alors que les ordres étaient clairs : de l’eau que pour ceux qui dorment au port. Rationnement oblige.

Les plaisanciers n’étaient guère content. Comment peut-on en effet refuser de l’eau ? Comment refuser à ceux qui remplissent leur cuves toutes les semaines comme le gasoil.

Le puits est vide, le puits est vide, le puits est vide. Il y a certes eu des tempêtes et de fortes pluies dans le Nord de la Corse à Bastia. Dans le centre à Ajaccio, à Porto Vecchio dans le sud. Mais nous, en baie de Figari, étions comme sous un parapluie qui éloigne la pluie du port et du village. Nous avons eu 50°C, le vent chaud et brûlant de Libye, nous avons eu le sable brûlant, la mer chaude qui ne te rafraichit pas, la chaleur écrasante. Moi qui habituellement habite en Normandie sous un ciel gris et de la pluie continue, mettant un polaire en plein mois d’aout, le contraste fut assez nourrissant et saisissant.

Prenez soin de l’eau. Ne remplissez pas le seau d’eau jusqu’en haut pour laver au sol, ni l’évier pour faire votre vaisselle, ne rester pas une heure sous votre douche, ne laissez pas couler l’eau à l’infini pour faire la vaisselle. De toute petites choses pour l’économiser. Surtout en mer. Imaginez vous dans le Pacifique, vous devez tenir trois semaines au moins.

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peinture sur papier A4

Confinement 2020 /2021 Nuages

149888060_2898923500365000_1517540755815876175_nDepuis février 2020, je me suis exilée à Paris où , cela dit j’étais depuis 15 jours lorsque ce confinement nous est tombé dessus. J’avais repris un atelier théâtre pour y développer un texte. Tout fut mis à l’arrêt. Du 5e étage j’ai vu sur les nuages. Je m’imagine alors la vie d’un gardien de phare observant ciel et mer, attendant la relève en pleine mer, devant attendre plus longtemps à cause d’une tempête qui chevauche le phare et empêche d’accoster pour que la relève se fasse. Continue reading