Voyage en mer et en peinture

Sylvia Artiste coloriste et navigatrice.

 

    48° 5′ 35.621″ N 4° 19′ 43.028″ W

Assise dans le cockpit de mon Écume de mer au port de Rosmeur, à Douarnenez. Il fait nuit. Au mouillage je contemple la nuit phosphorescente, les lumières dans le port, le plancton qui s’illumine. Nous sommes en 2004. C’est la rencontre des vieux Gréements. Toutes les lumières chantent dans la mer en s’y reflétant. Je prends mon appareil photo et saisie ces moments de grâces. C’est le départ d’une aventure picturale. Les lanternes de la nuit poétisent l’espace de leurs scintillements, de leurs éclats, de leurs rythmes isophases, à éclats ou à occultations. Croches, noires, silences et soupirs se suivent dans le silence de la nuit. Une douce musique de lumière se rythme en accord aux flots. La mer est calme, le ciel est clair. Je me sens comme dans un conte, la magie de la mer, des lumières sur l’eau, le Belém radieux, les bateaux pirates et autres gréements… un autre temps. Voguer sur la mer. Je pars dans la lumière et la couleur sur cette mer plate qui m’attire, attise en moi l’envie de voyager, de partir vers le lointain où la lumière semble vouloir m’orienter vers le large sur un voilier voguant. Glisser sur cette mer calme et silencieuse.

A bord je lis « Voyage sans escale » de Gérard Janichon. Ce merveilleux livre du marin qui danse avec ses voiles me touche par ses mots qui racontent la mer, sa mer. Le navigateur sans balises, le vagabond libre, selon ses mots lors de mes échanges avec lui durant l’écriture de mon master et de ma maîtrise en arts. La balise est pour lui une entrave à sa liberté de « vagabond des mers » : « Dans mon style de navigation, le balisage n’a jamais représenté quelque chose d’important, je veux dire une référence fondamentale de navigation, comme ça peut l’être sur un navire de gros tonnage. Il pouvait parfois constituer une aide dans certaines zones scabreuses, où les bouées, les perches sont un peu comme les  cailloux du petit Poucet pour retrouver son chemin, mais je n’ai pas appris à naviguer par rapport à un code maritime, et paradoxalement, le balisage pouvait constituer pour moi une entrave supplémentaire dans le labyrinthe. Pour simplifier, je pourrais dire que j’ai longtemps ignoré à peu près tout du code maritime, me contentant simplement des vertes et des rouges qu’on laisse à tribord et à bâbord ! Le code maritime représentait une contrainte et dans ma vie de vagabond libre, je ne voulais d’aucune contrainte. Seules les lois de la mer comptaient. A moi donc, d’être assez habile pour éviter les pièges, les récifs, les cailloux, à moi de trouver mon chemin, de me débrouiller pour savoir me situer par rapport à la seule référence, la carte. C’est évidemment à nuancer, mais c’était un peu ça. »

La voile, j’y suis venue par hasard. Je pratiquais le théâtre et je voulais explorer un autre mode d’expression artistique. Raconter des histoires par la couleur, la photo, la peinture, l’écriture. Une après-midi de 1996, j’avais 24 ans, en longeant les quais de Seine à Paris, je découvris que l’on peut passer son permis mer sur une péniche.  Je m’y inscris par jeu et curiosité. Une fois le permis côtier en poche où je découvris et appris tout un langage de couleurs maritimes et de signaux sonores, je poursuivis  ma curiosité  avec le permis hauturier. Ce permis concerne la lecture de la carte marine, comment on lit l’espace maritime, comment on s’y repère, comment on trace sa route avec les courants, les vents, les déviations et Déclinaisons.

Tout cela est un langage énigmatique, des pictogrammes, des abréviations, des côtes, des latitudes et des longitudes, un quadrillage, des calculs de marées. Absolument passionnant. La carte ça fait rêver. Trouver sa position à l’aide d’un triangle composé de trois amers, trois balises, trois repères fixes. Cette complexité et cette manière d’arpenter un espace que je méconnais me passionne. Permis obtenu.

Bon et maintenant comment on fait pour naviguer ?

Comment ça fonctionne un voilier? Comment on fait pour faire tout ça à bord en route dans cet espace constitué d’eau et d’horizons?  Je suis à Paris. Cap à Cherbourg pour m’inscrire dans une école de voile. Le moniteur du permis côtier m’ayant dit « si tu apprends à naviguer en Manche tu sauras naviguer partout »!

On m’invite à participer à une régate. C’est un véritable coup de foudre pour la mer et la navigation. Un nouveau langage, une nouvelle manière de se positionner dans l’espace, de l’appréhender. Des allures avec le vent et des voiles qui dansent. Il y a du vent, nous sommes sept à bord. Numéro 1 au spi, 2 au winch, 1 à la barre, un autre au piano, c’est a dire le réglage des drisses, un tacticien et moi spectatrice du spectacle.

Je mène alors mes deux passions, l’art et la navigation : la peinture, le piano et le théâtre. Finalement la mer c’est un peu ces trois disciplines réunis.

J’ai grandie dans les terres loin de la mer. Mais j’étais attristée de quitter le bord de mer quand le séjour se terminait, comme je n’aimais pas quitter Paris pour rejoindre ces terres loin de tout. Je rêvais de théâtre et de comédies, je rêvais de jouer du piano. J’ai croisé des pinceaux et des pigments, j’ai trouvé des voiles, des balises et des phares dont les couleurs racontent des chemins, des lieux – dits en mers et beaucoup encore.

La couleur nécessaire c’est un voyage maritime pictural, où se mêlent souvenirs de navigations, rêves sur une carte marine. Il s’agit d’un conte, des amers, une nouveau langage aussi beau que la calligraphie arabe par ses arabesques qui rappellent les vagues et les balises, aussi énigmatique qu’un idéogramme chinois qui se compose de clés, de symboles qui interagissent ensembles pour composer un mot.  La couleur nécessaire c’est une interprétation d’un « mer-itoire » par opposition au territoire, d’un mode de vie particulier en mer.

«  (…) vous touchez aux frontières de la plénitude. Je me rappelle de certaines nuits en mer, en solitaire sur mon bateau, en plein océan à écouter le chant des étoiles qui se mêlait à la mélodie de la coque sur l’eau…à ces moments-là, le code maritime c’est seulement le scintillement des étoiles là haut et leur reflet sur l’eau que vient briser l’écume des vagues, éternelles gardiennes des abysses mystérieuses qu’on ne fait qu’effleurer… ce n’est plus tout-à-fait un voyage géographique, vous vous en doutez… (…) Gerard Janichon.

 

Je joue du piano aussi et vous pouvez suivre mes chroniques sur https://clefdesolclefdefapianofacile.com/

to Lorca composition Sylvia giafferri kohnen

Bonnes lectures et bonnes navigations picturales !

Sylvia

Pour toute informations sur mes œuvres, les tarifs, propositions d’expositions, vous pouvez me joindre par le fenêtre « Commentaire » en bas de page.

 

Fresque :

2017  Peinture de dauphins sur le phare de Pianottoli-Caldarello  (Corse)

EXPOSITIONS PERSONNELLES

2019, Cheminements, Château de Regnéville sur mer / Conciergerie (50)

2018 , « La couleur nécessaire pour un cheminement maritime » Espace culturel de Beaumont Hague (50)

2015, Amers, Îlot Saint Michel, Erquy (22)

2015, Performances Sea art avec Isabelle Sprung Portbail, Barneville-Carteret (50)

2014,  Balise erratique, Port d’Omonville la Rogue (50)

2014,  Balise erratique, Port Racine, Anse Saint Martin (50)

2012, Amers, chemin maritime et langage pictural, Centre Saint Charles, Paris

2011, Vagues et langage fantasmagorique, Mairie, Tourlaville (50)

2011, Chemins de nuages, Mairie, Saint-Mandé (94)

2009, Utsire, Cartographies et météo marine Aux Chartrier, Bricquebec (50)

2008, Amers, chemin maritime et langage pictural, Marina, Saint Vaast la Hougue (50)

2008, Amers, chemin maritime et langage pictural, Café du port, Omonville la Rogue (50)

2008, Amers, chemin maritime et langage pictural, Art Gravage, Martinvast (50)

2008, Amers, chemin maritime et langage pictural, Le La Fontaine, Cherbourg (50)

2008, Amers, chemin maritime et langage pictural, Le Skipper, Cherbourg (50)

2007, Amers, chemin maritime et langage pictural, Galerie, Morelet, Lahaye du Puits (50)

2007, Amers, chemin maritime et langage pictural, Maison de la mer, Erquy (22)

2007, Amers, chemin maritime et langage pictural, Chateau des Ravalet, Tour de l’horloge, Tourlaville (50)

2007, Amers, chemin maritime et langage pictural, Capitainerie, Granville (50)

2006, Amers, chemin maritime et langage pictural, Centre Charles, Paris

2006, La Couleur nécessaire, Capitainerie, Cherbourg (50)

2005, La Couleur nécessaire, Yacht Club, Cherbourg (50)

2005, La Couleur nécessaire, Centre Saint Charles, Paris

2000 Art’s café, Cherbourg (50)

1999, Sans titre, Paris

 

 

EXPOSITIONS COLLECTIVES :

2016, Les ardoises de Sophie, Centre culturel d’ Equeurdreville,  Centre culturel de Beaumont Hague (50)

2016, 8×8 Femmes, galerie Place des Arts, Caen (14)

2016, 8×8 femmes pour le 8 mars, Journée de la femme, œuvres sur tochons Espace Michel Frérot, Thaon (14)

 2014, Art en Ciel, Ducey, Cherbourg, Ecausseville (50)

2012, Passage du Temps, Galerie Crouss Beaux Arts,  Paris

2011, La Figure ou le Lieu, Galerie Crouss Beaux Arts, Paris

2010, Aujourd’hui la Couleur, Galerie Crouss Beaux Arts, exposition collective,  Paris

2009, Saint Vaast et la Mer, Centre culturel, Saint Vaast la Hougue (50)

2008, Rhyzome, Galerie Crouss Beaux Arts, Paris

2008, Rhyzome, Centre Saint Charles, Paris

2004, Eglise de Saint Germain des Vaux (50)

2003, Mairie Omonville la Rogue (50)

2003, Manoir Quequeville (50)

Articles :

Presse Granville 2007

Presse Cherbourg 2007

Presse Cherbourg 2008

Presse Cherbourg 2009

Presse journal Saint Mandé 2011

Presse de la Manche 2018

la manche libre 2019

Catalogues

Rhizome 2008

Aujourd’hui la couleur 2010

La figure ou le lieu 2011

Passage du temps 2012

Art en ciel 2014

Cheminements maritimes 2018

Theâtre

2020 participation à la nuit de la lecture à Cherbourg à la bibliothèque avec l’atelier Théâtre »Le Labo », de la Compagnie l’Estran sous la direction de Sylvain Tribouillard. http://estran-cie.fr/#

2015 création d’une série Web avec Isabelle Sprung « Comment faire de la musique partout »

Acienne éléve chez Jean Périmony Paris / Michel Granval Paris / Alexandre Delimoges et William Pasquiet Paris 1992 – 1998 théâtre classique, one man schow, théâtre contemporain.

 

 

 

 contact @ : sylviakohnen @  yahoo.fr

contact @ la-couleur-necessaire.com

3 réflexions sur « Voyage en mer et en peinture »

  1. . Joli parcours de sentir l air du large, de humer dans les note de musique le roulement et les vagues de la partition de musique et que l expression de l art traduit par l arc en ciel des couleurs du ciel et du soleil tombant sur une ile dessinée dans le lointain horizon
    N avez vous jamais senti se besoin de s évader de la civilisation pour retrouver l’essence même de la vie, la splendeur du monde dans sa simplicité, le goût du sel iodé des embruns les jours de mer déchirée.
    A 11 ans j ai goûté au parfum des îles sous le vent, de la nature sauvage de Tahiti, de son lagon et de ses coraux .A 16 ans je découvrais l océan ,les Antilles et la vie à bord d’un voilier de 9m durant 5ans.
    La mer est ce que vous décrivez avec panache et liberté.
    Un vagabond des mer retourné à la société, mais aussi avec l espoir réel de retourner vers ces magnifiques îles

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