L’arrivée en bateau est magique. Je me réveille de cette nuit un peu chaotique dans les fauteuils au dessus du ronflement des moteurs. Les yeux encore un peu fermé je jette un regard vers les hublots a bâbord et entrevoie des cimes immenses. La nuit encore présente renvoi du bleu sur toute la surface des montagnes et l’espace alentour. Des crêtes se dessinent de partout. Je suis envoutée par la grandeur de ces têtes sorties de la mer, impressionnée par le profil de cette chaine de montagne que nous longeons.
Je m’approche des hublots et contemple ces ombres de différents bleus, du plus clair au plus sombre, d’une octave à l’autre. Je sors sur le pont respirer l’air de la mer. Comme un air de violon, elle m’enlace sur le pont. Le ronflement sourd des moteurs berce la fin de la nuit comme pour éveiller le jour tout en douceur.
La montagne sort de l’eau, le bleu de la nuit se mélange à ses lignes, la mer est calme, l’air est doux. Des odeurs d’immortelles ou de letisques commencent à se faire sentir.
Nous longeons les îles Sanguinaires dont le nom vient sans doute de leur couleur rouge sous le soleil flamboyant du soir ou des petites fleurs rosées qui donnent cette couleur au ciel du matin. Ou est-ce le sang noir le « sangui nari » des pêcheurs de corail revenant d’Afrique et mis en quarantaine à leur retour. Ou le nom dérive-t-il tout simplement du golfe de Sagone dont le toponyme se retrouve sur une carte daté de 1595.
Mezzu mare, Cormoran, Cala d’Alga, Porri sont les noms de cette archipel dans le golfe d’Ajaccio. Aiacciu et son phare.
Peu à peu la nuit disparait, laissent place à des couleurs rosées et violettes matinales d’une extrême douceur. La montagne s’éveille doucement dans des couleurs et des lumières douces comme quelques notes de musiques au piano se transformant en pétales de roses tombant lentement au son de chaque note pour colorer l’atmosphère. Un air de violon se devine dans le mouvement calme de la mer, quelques touches de percussions dans l’air pour réveiller son souffle, quelques notes de piano pour appeler les roses bleutés. Couleurs violettes si tendre du matin que renvoie l’île.
Nous entrons dans l’antre du golfe