Je n’ai jamais fait une saison de navigation comme celle-ci. Grand frais toute la semaine et calme plat et soleil le samedi.
Windguru annonce du 18 nd et l’on rencontre la pétolle… Le dernier samedi avant la trêve hivernale a commencé d’une bien drôle de manière. Du vent annoncé sur Windguru mais l’on est en Manche et il faut tenir compte du plan d’eau. Ce que l’on rencontre ce matin ne correspond pas au bulletin météo. Il faut alors réfléchir à ce qui se passe. L’on est en hiver, le vent de Nord est encore Sud sud-ouest pour le peu de souffle que l’on rencontre pour quitter le port sous voile. La mer est lisse et la lumière nous apporte un chromatisme printanier. Il est tôt 8h30 TU, il faut attendre que le soleil se lève et s’établisse pour que le vent s’établisse lui même. Sous spi nous nous dirigeons vers la grande rade. Le spi retombe, nous reculons, le vent tourne et tourne et tourne encore. Un petit « turn around » du matin. Douceur et lenteur, doucement le matin. Le bateau recule, tourne et tourne au grès du vent. Cela nous permet de nous entrainer mouvement par mouvement, comme lorsque l’on début au piano, pour gérer le spi, se coordonner. Le voilier c’est comme le piano, d’ailleurs il y en a un à bord. Le piano est dans la descente, il s’agit du lieu où reviennent tous les bouts et un marin doit gérer tout cela, hisser, affaler, choquer, border le hâle bas. Cela se joue à un millimètre parfois pour gagner un millième de nd qui fera toute la différence. Donc en Voilier comme au piano, il ne faut jamais se laisser jouer par son instrument, mais toujours contrôler l’outil. On affale, on déroule génois, on verra plus tard. Pour le moment on attend le vent, on le cherche, on tente des actions à la barre, une option qui sera payante. Aller vers l’ouest.
Révision du spi asymétrique sur J80. On sort le bout dehors préalablement réglé avant le départ. Le numéro Un va à l’avant, amène le « Tack » l’amure » à l’avant de l’étai, côté bout dehors. Le barreur se met vent arrière, quasiment, attention à ne pas empanner. Le numéro Un vient Hisser le spi. En même temps l’embraque borde l’écoute « clew ». Et c’est parti. Sur un tempo jazz, sur le temps, un peu avant, après le temps, sur un tempo régulier, on ajoute une polyrythmie. On emmène le bateau du côté où il gite ou contre gîte.
Plus de vitesse, on lofe un peu pour remonter au vent. Le bateau est relancé, on redescend en abatant. Barreur et embraque sont en discussion constante sur ce qu’ils ressentent l’un et l’autre à la barre et à l’écoute.
Lors de l’empannage le numéro Un chope l’écoute, l’aide à passer derrière l’étai, se cale dans les haubans pour tirer sur l’écoute et aider le spi à passer. Le barreur tire la barre vers lui doucement et regarde la chute de sa voile. Quand elle se rabat, il faut tout de suite mettre la barre droite et tout se passe bien. Dans le même temps celui qui gère les écoutes à côté du barreur Brusque à la barre = spi dans les haubans, un spi qui s’entortille, quelqu’un qui doit monter en tête de mat pour arranger le tout si à force d’empanner le spi ne revient pas…..
Pour affaler on se place vent arrière pour déventer le spi, on lâche l’amure au piano pour permettre au numéro un de rapprocher les points écoute et amure, Clew et tack. Facile à retenir dans clew il y a un « E » comme dans écoute et dans Tack il y a le « A » comme dans amure. quand tout est réunit le piano lâche la drisse posée à l’arrière du hauban et on affale.
Cette petite révision à permit au soleil d’être pleinement réveillé, il a eu un peu de mal ce matin. Mais le voilà avec du vent de Nord annoncé 15 nd. Fin prêt, nous glissons sur l’eau. Le vent s’est bien levé on peut même se mettre au rappel en repartant au près.
à suivre….