Chaque océan, chaque mer possède son caractère et avec elle ses charpentiers de marine qui au cours des siècles imaginent des coques pour tenir l’eau selon leur plan de navigation et l’on y rencontre aussi certains types de voiles qui s’accordent avec le navire et le lieu. Au cours de ces prochains articles je vous parlerez de ces différentes formes de voiles, de leurs évolutions.
Les voiles en méditerranée
En méditerranée l’on rencontre la voile carrée et la voile rectangulaire de l’Antiquité suivie par la voile Livarde qui donna naissance à la voile latine. Les voiles carrées et rectangulaires sont réalisées en toiles ou en nattes tressées. L’on peut observer des gréements en T et en V. La voile de structure en V évoluera en une forme de flèche qui mènera vers le rectangle soit une voile aurique. La voile aurique est une voile quadrangulaire trapézoïdale non symétrique. Elle comprend les voiles au tiers et les voiles à cornes.
On parle d’une structure en T car la voile est suspendue à une perche verticale, une vergue, où le mât vient se placer en son centre, ce qui lui donne cette apparence de gréement en forme de T.
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Dans la structure en V la voile est soutenue par le biais de ses angles. A partir de cette manière de donner forme à la voile l’on pensera à des variantes où la voile est aussi tenue par une perche centrale en plus des angles. L’on aboutira par la suite à la voile livarde où la voile rectangulaire est traversée par une barre en diagonale et tenue au mât par son guindant. Cette voile livarde permettra d’évoluer vers le triangle et la voile latine mais aussi de repenser la voile carrée en une forme aurique.
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Dans un premier temps la voile est utilisée de manière perpendiculaire pour se laisser pousser par le vent. Puis l’on commence à se servir du vent de manière latérale en passant de manœuvres transversales à des manœuvres longitudinales. C’est ainsi qu’apparaissent les voiles auriques. Le point de drisse des structures en T est déplacé et la géométrie de la voile rectangulaire se transforme afin d’ajuster le centre de voilure avec le centre de dérive. Les dérives latérales prenant de l’ampleur, on les décale vers l’arrière ainsi que le mat initialement positionné à l’avant.
Les voiles en Atlantique
En Atlantique on retrouve les voiles carrées, les gréements entiers, les voiles axiales inspirées des voiles latine. Sur ce plan d’eau l’évolution des voiles démarre à l’époque des Vikings dont le mât de leurs Drakkar est vertical et central et équipée d’une voile carrée large et basse. Si l’activité maritime en méditerranée est surtout marchande, ici elle est avant tout axée sur la pêche. Les embarcations sont petites. Les voiles carrées donnent naissance à des voiles au tiers. La voile au tiers au 18e siècle éliminera la voile carrée. Si l’évolution de la voile latine est continue, l’évolution des voiles au tiers est multiforme et divergente. Ses caractéristiques sont la mobilité de ses divers éléments. D’abord amurée sur le côté du bateau au vent, elle le sera dans l’axe, la voile étant toujours du même côté du mât contrairement à la voile latine qui passe d’une amure à l’autre.
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Le Sinagot dans le golfe du Morbihan conserve ce type de gréement. Ses voiles sont carrées et tiercées, la surface de la voilure est importante et le mât non haubané. les drisses et les voiles sont toujours établies de la même manière: la Grand-Voile sur tribord et les drisses frappées à bâbord, la misaine sur bâbord frappée à tribord.
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le Sinagot servait à la pêche à l’huitre sauvage, deux marins étaient à la manœuvre le plus souvent le marin et sa compagne.
L’évolution des voiles au tiers s’est orientée avec une troisième voile : le tape-cul derrière la Grand-Voile et la Misaine. La voile carrée devient un rectangle plus haut que large, le mât plus longs et plus gros, les vergues plus courtes et plus légères, à l’inverse de la méditerranée. La voile peut ainsi être facilement abaissée lors des virements de bords. Durant les manœuvres de pêche le gréement est démontée et rangé et remis en place sur l’autre bord pour rentrer au port et éviter de virer de bord. S’il faut effectuer un virement il s’effectue face au vent.
Une tendance pour les voiles au tiers consistait à incliner le mât afin de pouvoir déplacer le pied de drisse lors des virements. La drisse devenait alors un hauban volant amuré à l’avant ou sur le côté. Cette origine de voilure prend naissance en Galice au Nord de l’Espagne Atlantique et sur la côte basque au 18e siècle. Cette influence sera transmise en Manche via la Bretagne.
La voile au tiers inclinée sera remplacée par la voile à corne dite « Flambart » qui permet un équipage réduit.
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En Manche l’on peut observer l’évolution des voiles au tiers sur les lougres dotées de deux à trois mâts pour porter la Grand-Voile, la Misaine et le Tape-cul. Cette flotte se développe notamment au 18e siècle pour la course et les corsaires. Les lougres militaires sont plus lourdes alors que les lougres pour les corsaires sont en recherche constante de vitesse. Leur coque est souvent construite en V.
La lougre de pêche est utilisée en Manche au 19 e siècle pour la pêche au maquereau, et la pêche à la morue en mer du Nord. Pour le pêche à la morue le gréement s’est transformée en remplaçant la misaine au tiers par une voile triangulaire, une trinquette étroite avec l’installation d’un étai.
Des voiles axiales au gréement Marconi
La voile latine, la voile au tiers, la voile carrée se sont sans doute influencée dans leur évolutions réciproques. La voile axiale naît d’une simplification de la voile latine. On peut constater cette évolution de manière indépendante dans le monde latin antique, en méditerranée, orientale au 19e siècle, en Angleterre au 18 e siècle, au Pays-Bas au 17e siècle.
Evolution:
Louds tunisiens équipé d’un trinquet latin sans mât l’antenne étant planté à l’avant du pont.
Ce principe se retrouve sur les goélettes à deux voiles triangulaires, les caboteurs syriens, le tchektime turc à grand-voile triangulaire et plusieurs focs.
A partir de ce type de gréement naît les voiles axiales: le cat-boat à une voile ou deux mâts qui donne naissance à la goélette cat-boat.
goélette de pêche à voile aurique
De ce type de gréement naît le sloop.
sloop, grand-voile, flèche, foc, trinquette, clinfoc
La voile Houari
Ce nom « Houari » regroupe les voiles modernes. La voile houari est née en Angleterre fin 19e siècle en s’inspirant de la voile latine.
A l’origine la voile est pensée pour le fluvial et sera emprunté par la marine de guerre pour les navires embarquant les officiers.
Le houari est le résultat de l’inclinaison du mât de la voile latine dont on avance le pied de mât près de l’étrave.
La voile bermudienne
La voile bermudienne témoigne de l’évolution de la voile axiale. On la voit encore aujourd’hui en Amérique du Nord.
Il s’agit d’une triangulaire très haute hissée en tête de mât inclinée vers l’arrière, maintenue au 2/3 des haubans et étais. Comme son l’indique elle prend son origine aux Bermudes où les vents dominant d’ouest demandaient la conception d’une voile pour remonter au vent et aller d’île en île.
La voile marconi
La voile marconi apparaît à la moitié du 19e siècle après le remplacement du mât de flèche amovible par un allongement du mât d’un seul tenant.
Elle devient synonyme de la voile bermudienne pour désigner la voile triangulaire au mât, soit la Grand voile.
Bonsoir Sylvia j’ai lu rapidement votre article très documenté , je vais apporter quelques anotations
Je suis dans le Golfe du Morbihan passionné de voile et de mer , quand vous parlez du Sinagot qui est le bateau emblématique du Golfe ( le nom sinagot vient des èquipages les habitants de SENE près de Vannes) Ceux sont des bateaux très lourds de travail et auraient bien du mal à manoeuvrer, equipage pour la péche (au filet casier ligne ou drague) 5 hommes ce n’est péjoratif mais ences temps durs les femmes naviguaient peu, sauf pour certaines campagnes de pêche spéciale comme le Hareng dans la baie de Kerjouanno où il était abondant jusqu’en 1935 , alors les femmes embarquaient pour Port Navalo où ils vivaient dans leurs bateaux les femmes restant à terre fumer le hareng pendant que les hommes partaient pêcher
Autre remarque celle ci plus générale concerne l’appelation d’un bateau suivant son gréement . Vous mentionné le terme SLOOP , normalement un Sloop n’a qu’une voile d’avant un foc ou un génois (grand foc arrivant en arrière de mat derivé des gréements italiens de la région de GÊNES) si le navire porte plus d’une voile d’avant en allure normale c’est ungréement COTRE avec foc et trinquette ( clin foc ou pas foc volant ou pas) mais au moins 2 voiles en avant du mat
Quant au pied de drisse voil& un terme que je découvre ,je pense que il y confusion entre le pied de mat etle courant de drisse , la manoeuvre que vous décrivez s’appelle GAMBILLER , elle consiste à virer de bord et à descendre la voile à l’aide de la drisse à soulever le pied de mat et lui faire faire de demi tour de façon à ce que la drisse sorte du coté au vent afin de servir de hauban une fois la voile hissée pour assurer une manoeuvre rapide il existe unoeud spécial appelé noeud de Drisse que l’on frappe sur le banc de mat pour étarquer