De nuit sur Pen Duick VI

rouge de glenan 3 jaunes basse jaune babord DSC_0567 WP_20180313_15_51_34_Pro WP_20180313_15_51_17_Pro DSC_0603 décontextualisation série toponymes DSCF9050 DSCF9052 DSCF0505 DSCF0469 DSCF9029 DSCF0465 men_grenMen Gren la pierre verte, Tribord. Je reviens sur mes balises car cela fait quelques temps que je ne suis pas partie en mer, et la navigation à voile, quitter le port, naviguer de nuit, voir les éclats de lumières au loin, être accompagné de la pleine lune, voir les étoiles, ou être dans une nuit noire, une brume épaisse, une tempête et 10m de creux durant trois jours dans le Gascogne…. les jours où l’on se dit « mais qu’est-ce que je fais là, alors que je pourrai être tranquille chez moi avec mon chien, les nuits où l’on ne dort pas, mais celles aussi où l’on est heureux d’être en mer, commencent néanmoins à me manquer. Une saison en capitainerie à amarrer des yachts durant 6 mois a déclenché une mauvaise tendinite qui s’est transformée en capsulite rétractile aux deux bras. Impossible de bouger ou de naviguer depuis 2018.

Et quand cela va mieux, une pandémie nous bloque à la maison et trop de piano ou trop de charges trop lourdes re-déclenchent le tout.

Pas facile. Naviguer. Lorsque j’ai traversé le Golfe de Gascogne en octobre, j’ai traversé 3 nuits de tempête. Je n’étais pas fière, et j’ai mis longtemps à remonter sur un bateau. J’ai d’abord reparticipé aux régates en équipages par tout temps, mais ce sont les navigations sur J80 avec un moniteur très pédago qui m’ont le plus aidé à surmonter mes peurs du chavirage et la navigation seule à la barre de Pen Duick VI durant 30 minutes de nuit qui auront réussi à me redonner espoir et le courage de naviguer sans peur. Terrienne, je ne suis peut être pas si à l’aise que cela en mer, mais au moins cela me réconcilie avec beaucoup de choses à Terre justement.

La mer et la navigation permet se partage entre humain bien plus simple qu’à terre. Ou l’on s’invite très vite entre voisins de mouillage, de ponton, de voyageurs atypique.

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Pen Duick VI fêtait ses 40 ans et était à Rouen. Nous étions 4 à bord, le capitaine, le second, le marin et moi « la stagiaire ». Durant la remontée de la Seine, un 5e matelot visiteurs membre de l’asso Tabarly était à bord mais ne pouvait pas naviguer jusqu’au bout et a débarqué en cours de route. Moi qui pensait que nous serions nombreux, que je n’aurais peut-être pas l’occasion de tenir la barre, et de naviguer.

En fait j’ai fais mes quarts. 2/2

Etant de nuit plus que du matin, j’ai demandé le quart de nuit comme à chaque fois.

La mer n’était pas trop formée mais il y avait du vent. Nous avons du coup hissé peu de voile. Peut-être un riz, je ne sais plus.

Le matin je naviguait en J80 à Cherbourg dans une mer verte recouverte d’écume blanche. Nous nous sommes bien fait secouer dans la rade. Juste après j’ai pris le train pour Rouen, j’ai du mettre toute l’après midi en tchoo tchou TER. Je demande aux hôtesses où sont les Pen Duick et celle-ci me dis ne pas connaitre le bateau ni Tabarly. J’hallucine un peu de son ignorance, notamment qu’elle est censé guider le public. Je finis par les trouver en demandant aux promeneurs visiteurs de l’Armada.

On vient me chercher en annexe, les bateaux sont loin du quai.

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Nous quittons Rouen le matin et naviguons sur la Seine au milieu des navires présent à l’Armada. Le public nous salue, nous les saluons en retour. Le paysage côtier est surréaliste passant de paysages verdoyant à des scènes industrielles, de grues, de futs de pétroles, d’outils, de tuyaux, puis au virage suivant de nouveau le paysage de verdure, impressionniste. Les autres Pen Duick nous suivent, se reflètent dans l’eau.

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Il est temps d’aller se reposer pour prendre le quart de nuit en pleine forme.

Arrivée au Havre, nous hissons les voiles au milieu des conteneurs, ça sonne à tout va. Enfin le moteur s’arrête.

La houle et la mer ont eu raison de mon estomac en hissant  les voiles. Ou plutôt mes allers et retours à l’intérieur du voilier pour poser l’appareil photo, reprendre un chapeau pour la nuit, et que sais-je encore.

Je n’ai jamais aimé l’intérieur d’un voilier qui me donne ce fichu mal de mer dont je me passerai bien.

Le capitaine me dit de regarder le coucher du soleil, de profiter. Il ne comprend pas ce mal de mer puisque je régate en J80 tous les samedis, que j’ai l’habitude de naviguer. La houle, la mer qui bouge sortie de la Seine, passé les ponts de Normandie, Tancarville a en tout cas provoqué un beau mal de mer. Juste le temps de sortir pour rendre mon repas à la mer.

Je contemple l’horizon.

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Au bout d’un certain temps je vais mieux et il me passe, enfin, la barre, dans la nuit assez noir. Wouah, quel bateau léger. Je m’attendais à un bateau lourd comme j’en ai connu, mais non, la barre à roue se gère d’une seule main quasiment.

Le capitaine a confiance,  » tu barres bien, j’ai confiance » et le voilà qui descend à l’intérieur du bateau me laissant seule à la barre, longeant la baie de Seine et ses lumières, le faisceau d’un phare, les éclats des balises, rouge. Ca étincelle tout le long de la côte dans la noirceur de la nuit.  Dans la tranquillité de la nuit, sa douceur, son silence.

Mais qu’est-ce qu’on est bien à bord.

Le capitaine remonte au bout d’une demi heure je crois, je ne sais plus. Nous sommes au près, je ne sais plus, mais il me semble que oui. Virement de bord, changement d’équipe.

A bord je ne dors pas, et me laisse bercer par le mouvement du bateau. Je suis habituée à la barre franche et me voilà à la barre à roue. La concentration m’est plus intense car les mouvements sont inversés et je ne voudrais pas, par automatisme, faire une erreur de barre. Alors, les yeux fermés je sens les mouvements et les mentalise à la barre franche et les reconstitue la barre à roue pour qu’ils deviennent plus simple.

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Pour ceux qui ne connaissent pas, la barre à roue, c’est comme en voiture, on tourne à gauche on va à gauche.

La barre franche, c’est l’inverse, on va gauche on pousse la barre sur la droite. Si je connais ces mouvements par coeur, pour avoir appris les yeux fermés au près, pour mieux sentir les mouvements, mieux sentir ce que le bateau fait de lui même au près, la barre à roue m’ait plus étrangère. Alors je me laisse imprégné du mouvement pour que mon cerveau s’habitue au geste.

Changement de quart. Nous arrivons à Cherbourg. Affalons les voiles.

Cette navigation fut très instructive car j’avais l’impression pour une fois de naviguer avec de vrais marins, qui connaissent bien la mer pour l’avoir bien pratiqué en tour du monde. J’ai appris beaucoup, reçu beaucoup de confiance en moi, par les conseils riche d’enseignements pour naviguer, sous les orages qui se dessinaient au loin et que peut-être nous devions croiser. Des marins qui m’ont apporté une sérénité à bord que j’avais perdu. Et la confiance de naviguer. Une transmission pour un épanouissement.

Je remercie cette équipage et l’association Tabarly de permettre ces sorties en mer.

Je reste à bord plus longtemps que prévu et les aides à nettoyer le ponts, remplir les bouteilles d’eau, participer aux taches. Je me souviens qu’en longeant la Seine à un moment je suis descendu et j’ai participé à la vaisselle. Alors je crois que les stagiaires de Pen Duick n’ont pas y participer, en tout cas c’est ce que je comprends mais ça m’ennuyait de ne pas participer à la vie à bord et de me laisser « promener ». Ce n’était pas mon objectif.

A la fin, content de ma participation, le capitaine me dis : » tu fais partie de l’équipage maintenant »

Journal de bord 2013 juin

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