Arrivée en Corse à Ajaccio, je séjourne à Affa en famille. Descendant me balader dans la ville, visiter son musée, ses rues, son architecture, ses couleurs, je descends au port, mon point de repère dans chaque ville. Les couleurs des bateaux de pêches et leurs filets viennent de suite happer mes yeux.
Aiacciu et ses palmiers, à une nuit de mer de Toulon en Ferri. Je suis partie avec Corsica Ferries pour pouvoir garder le chien avec moi. Je n’ai pris qu’un fauteuil pour une nuit, me disant que cela irait bien. Je sors de la voiture avec le chien, mon duvet un sandwich et me dirige vers la salle où passer la nuit. Deux compartiments sont dos à dos. L’un avec peu de voyageurs, l’autre avec une ribambelle de têtes typés corse. J’hésite où m’installer. Les fauteuils ne sont pas dans le même sens, alors quelle va être la marche du navire. Après tout je vais dormir, alors le sens de la navigation ne devrait pas me perturber, si je m’installe à contre sens. Je discute avec les passagers, Gwalarn fait connaissance avec une copine chien. Comme nous sommes peu nombreux, je suis libre de m’asseoir où je veux. Les uns choisissent les fauteuils, d’autres prennent leur duvet et vont se caler sous les escaliers, d’autres encore attendent la fermeture du bar resto pour se choisir une banquette. Je m’installe à côté du hublot et contemple les lumières de la ville et du port de Toulon dans la nuit qui avance.
Un gars avec une capuche sur la tête fait les 100 pas au téléphone, en parlant Corse. J’écoute la musicalité de la langue sans la comprendre. Ou plutôt j’écoute la sonorité de la langue car je n’entends pas les mots, mais l’accent. Ca y est je suis ailleurs. Loin du Nord Ouest, loin de la Bretagne à la rencontre de mes racines. Car n’oublions pas, mon grand père est Corse de Pianottoli où sont ses terres. Alors même si je ne parle pas encore le Corse, cela viendra et la musicalité de la langue me plonge dans l’ambiance Corse.
Le moteur démarre. Ah pas cool, il est sous nous. Nous sommes installés sur la machinerie. Il fait nuit, il pleut, ça souffle, les lumières du port rouge et vert de bâbord et tribord nous guident vers la sortie avec le bateau pilote. Au loin les lumières de la ville s’éloignent. Ca y est nous voilà parti pour une nuit en mer. Il est 23h. L’heure d’arrivée est prévu pour 7h.
Je tente de distinguer la mer par le hublot, mais il fait trop trop noir. Je veux sortir un peu, mais bon sur le pont, ce n’est pas raisonnable. Alors je retourne m’assoir e je tente de dormir. Gwalarn me réveille en aboyant. Quelqu’un est passé trop près. Je finis par dormir au sol, finalement plus confortable que les fauteuils à la Eurolines des cars.
Je me réveille à l’aube et je suis saisie par les montagnes bleues qui sortent de la mer dans la nuit qui finit. Wow. Elles sont immenses.
Des montagnes immenses sortent de l’eau, hautes, l’Atlantide, le mien, sors de la mer. Je vais sur le pont pour les contempler. Le jour se lève et Ajaccio grossit. Le haut parleur nous dit de nous rapprocher des voitures. Ah, c’est où déjà? Je suis rentrée parmi les premiers, je vais donc être parmi les premiers à descendre. Bon ça va, je suis en retard, vous êtes pas à 5 minutes pour sortir du bateau, je me suis perdue. Je saute dans la voiture et nous voilà partie. La cousine de mon grand père qui a 88 ans, m’attend et m’emmène à Affa. Où je vais rester un peu visiter la côte de Piana avant de partir vers Pianottoli. Pour moi qui fait du piano. Le nom me plait.
La prochaine fois, je serai en voilier. Je suis donc à Ajaccio, après une descente en voiture un peu chaotique, car j’ai crevé à peine partie de Paris. Pas facile de remplacer un pneu un jour férié. Pas facile de trouver de l’aide pour changer la roue. Le seul voulant bien me prêter main forte est d’origine du Maghreb et doit attendre pour une vérification de papiers. Je sors tout du coffre, pour sortir la roue de secours. Après l’avoir changé, alors que je suis en train de remettre mes affaires dans le coffre, il revient en s’excusant d’être parti sitôt la roue installée et m’aide à tout ranger. Encore merci, si vous lisez ces lignes.
Ajaccio le port. Le port de commerce, le port de plaisance Tino Rossi au Sud, le port de plaisance Charles Ornano (sénateur de Corse du sud dans les années 1980) au Nord. Des voiliers, de nombreux bateaux moteurs, des corsica croisière, corsica ferries, corsica Marseille. Un vieux Gréement propose des sorties en mer. Et puis ce petit coin de pêche, derrière la citadelle, au vieux port. Ces petits bateaux bleu et blanc, bleu et rouge, bleu et vert. Et les filets posées au sol à quai, ou reposant dans des seaux. Les flotteurs sont différents et la trame aussi de ceux de Bretagne. Cela me rappelle les filets qu’il y avait à la maison lorsque j’étais petite. Les filets dans lesquels il y avait des boules colorés rouge et vert foncé emeraude, des filets avec ces flotteurs identiques. Dommage, je ne sais où le temps les a fait disparaitre. Alors ici je ravive mes souvenirs d’enfants. J’imagine mon grand-père ici et là lorsque d’Aulène il est descendu des montagnes vers Sartène, rejoindre Pianottoli, puis Ajaccio, prendre le bateau pour débarquer sur le continent. Marseille j’imagine, puis Paris un peu avant le début de la seconde guerre mondiale, qui fut fatal à son petit frère. Mais c’est tellement horrible, je le raconterai une autre fois. Mon grand père a été très jeune orphelin, recueillit par son oncle et ses 8 cousins avec sa soeur. La première aura été fatale aussi. Je ne sais d’ailleurs pas encore ce qui m’attends à Pianottoli lorsque je vais rencontrer le maire son ami. C’est là que j’apprendrai la vrai histoire de ce pauvre grand oncle dans les figuiers dans les années 1940.
Mais revenons à ce « petit » port d’Ajaccio, ou plutôt ce petit coin de pêche coloré pour chasser les nuages noirs. Nous sommes au mois de mai et le climat ressemble à la Bretagne, pour la première fois ici, les 4 saisons dans la journée.
Je suis étonnée d’une chose, je m’attendais à voir de gros chaluts comme en Bretagne ou en Espagne avec les bateaux à clin. Mais en fait, il n’y a que ces petits bateaux qui apportent l’aura du port et lui donne son ton. J’arpente les pontons, je cherche le noms de chaque bateau, j’enjambe les filets.
U Curdinu, La Esperanza, Sauveur, Joseph, L’indien …