Cela faisait longtemps que je voulais faire escale cette petite île de Sein. J’ai traversé le raz, ou plutôt, nous sommes passés derrière le phare AR Men, en voilier, car la mer était trop forte. Je partais pour l’Espagne en octobre à partir de Cherbourg et la mer passait du calme plat à la tempête. Alors en quittant Camaret pour entamer la descente du Golfe de Gascogne, le capitaine a préféré passer au large à l’arrière d’Ar Men.La nuit tombait et nous étions guidé par son faisceau, qui nous avertissait des dangers. AR Men au loin nous dit attention à vous, la météo n’est vraiment pas bonne. En effet ce sont trois jours de 10metres de creux qui nous attendent. Mais ça on ne le sait pas encore vraiment. C’était mes premiers trois jours en mer sans voir la Terre, alors que je commenças à naviguer sur grand voilier après une belle formation en 420. Depuis on ne me la fait plus pour la météo.
Alors un jour que j’étais en camping à Saint Gwenolé, j’ai embarqué sur Pen Ar Bed pour accoster sur l’île. Arrivée à Audierne pour prendre le bateau, c’est la cohue. je sui obligé de me garer à l’autre bout de l’embarcadère et une foule immense se trouve dans la gare maritime pour retirer ses billets ou pour réserver. Oui mais le bateau ne va pas m’attendre. Cela m’apprendra à réserver à l’office du tourisme. J’aurai du aller directement à Audierne.
Ouf j’embarque in extremis. Cela bouillonne toujours à Tevenenc, cela bouillonne devant le phare la Vieille. J’avertis les naïfs de ne pas laisser leurs sacs comme ça sur le bateau pour aller faire leur photo du phare. « Mais non ça ne crains rien » « je vous aurez prévenue ». Dans le doute, sans trop me croire, la dame rattrape son sac, juste à temps. Une petite houle a bien faillit faire partir ses affaires par dessus bord.
Ah l’île de Sein et sa poésie dans le livre du pilote côtier pour traverser le raz. Ou l’almanach Breton. C’est toujours un rêve éveillé que de lire la route, le cap à suivre, dans ces livres, on croirait des codes de cartes au trésor. Toute cette hodologie maritime me fait rêver. La construction de la côte, par le biais des balises et des phares est une grande richesse artistique. Quasi ineffable. C’est tellement poétique et beau surtout la nuit. C’est un patrimoine à protéger. Je dessine en vitesse l’alignement de l’île de Sein et du Chat sur un morceau de voile. Reproduis l’alignement d’Audierne et Kergadec sur un spi multicolore. La Vieille et ses faisceaux.
Nous débarquons du navire et commence la longue file indienne comme un ballet où le groupe se suit, pour finir par se perdre chacun de son côté pour visiter les recoins de cette petite île. Je longe la côte vers le phare sous une chaleur torride. Rien pour s’abriter. Je vois Ar Men au loin, Tevennec, les Amers posés sur l’île pour guider le marin en journée.
ïle de Sein, un S où l’on serpente. Une île plate, où l’on fait le tour dans la matinée. Où l’on voit que la mer est forte, très forte en longeant le phare de l’île. Ici et là, des briques sont renversées sous la pression des vagues qui ont cognées. Dommage, le phare n’est pas encore ouvert au public, je suis hors saison. Impossible de le visiter en juin. Je continue ma promenade en longeant la côte de l’île, ses champs de fougères, contemplant les roches et leurs têtes, l’une d’elle veille sur la mer comme le lion de Rocapine l’uomo de Cagne qui veille sur la terre. Cette roche semble, en effet avoir un oeil sur la mer et une oeil sur la terre.
Je me promène dans ses venelles, arpente l’île et je vois une porte digne d’un Jules Verne dans 20 000 lieus sous les mers. Une porte blindé avec un hublot pour se protéger des tempêtes qui m’impressionne. Un écriteau nous dis que le boulanger a fermé. Avec la montée des eaux, l’île perd un peu de ses plages et se fait grignoter.
Mon chien s’appelle Gwalarn, en l’appelant, du côté du musée et en écoutant le musicalité de la langue bretonne, une îloise me dit : » ouh quand le Gwalarn arrive, c’est mauvais signe ».
Il s’agit du vent de Nord Ouest qui souffle en rafale et amène son lot d’averses. Elle se met à me parler en Breton. « Mais non, je ne suis pas d’ici, je ne comprends pas. »
« Mais si le chien s’appelle Gwalarn, c’est que vous êtes bretonne et que vous parlez le breton. »
« Mais non » « si j’avais grandis ici vous me connaitriez. »
J’ai une passion pour le Finistère, mais je ne suis pas d’ici. Je navigue et je voulais un nom de vent pour mon chien. Et Gwalarn c’est tellement beau. « Tous les voiliers s’appellent Gwalarn. »
J’ai bien acheté le breton facile, le breton en 50 leçons… mais pas si simple. Un peu plus que le Gaélique irlandais ou écossais et encore. J’ai réussi à apprendre le chinois mandarin, mais le breton me semble plus complexe. Mais j’y arriverai un jour.
Kenavo petite île, ar wech all.