Une seule couleur : G – R – Y—-V – R- J

Monochrome, une seule couleur. Vert, Rouge, Jaune. Voici les trois monochromes maritimes : bâbord rouge, tribord vert et jaune marque spéciale. Sur la carte marine ces trois couleurs sont indiquées par leurs initiales en anglais : G pour green, R pour red et Y pou yellow. En français cela donnerait V pour vert; R pour rouge et J pour jaune.

En travaillant sur ces couleurs, je remarque auprès des gens que l’on est encore bien dans les conflits qui opposaient Aristote et Platon. La couleur comme apparat, comme entour, comme plus au dessin. Le dessin serait plus important que la couleur. La peinture figurative, réaliste ou non serait plus importante parce que jugée plus compliquée que de peindre une seule couleur ou de l’abstrait. Est-ce pour se valoriser ?

Une seule couleur, est-ce si simple à réaliser ? Est-ce vraiment « cheep » de peindre un monochrome ?

Une seule couleur est-ce obligatoirement la couleur des étagères comme on me l’a dit, ou la peinture du mur ?

Cela rejoint un peu le conflit en musique « ah tu fais du jazz, le classique c’est plus stylé  » il faut d’abord faire 10 ans de classique avant de faire du jazz. -… Soit. Hum, pas si sure.

Pour la peinture c’est la même chose pourquoi toujours être dans le compliqué. Prouver que l’on sait peindre. « Tu devrais montrer tes dessins comme ça on va voire que tu sais faire autre chose…. qu’une seule couleur… » et le traditionnel un enfant de 4 ans en fait autant….. Hum la simplicité serait donc l’apanage de l’enfance et le complexe réservé à l’adulte.

Bref passons. Demande -t-on à un chanteur de variété de  prouver qu’il sait jouer parfaitement du Bach ou du Chopin ?

Moi j’aime ça une seule couleur. Et ceux qui sont bien décidé à détruire de leur critique le monochrome ne savent pas tout de cette seule couleur à la surface de la toile. Une fois qu’on leur explique le bleu Klein, ils finissent par comprendre et à aimer. Cela m’est arrivé en mer dans une discussion sur le monochrome avec des marins un soir au mouillage en Espagne.

Une seule couleur, c’est la vibration de la couleur. Comme une musique sans texte. Une seule couleur, ça change d’octave que ce soit que du rouge, du vert ou du jaune ou tout autre couleur. C’est très intéressant de travailler une seule couleur, car en travaillant les pigments on travaille sur la lumière, sur la vibration de la couleur en y ajoutant d’autres couleurs, comme des épices cachés qui vont former sa texture, son épaisseur, lui donner son grain. La couleur joue avec la couleur du support qui n’est pas forcément blanche.

« Rouge ce qui arrive au peintre », nous dis Gisèle Grammare. Rouge serait la couleur du peintre qui tend vers lui naturellement.

Vert et Jaune, deux couleurs mal-aimés. En lisant Pastoureau et l’histoire des couleurs, dont je vous recommande la lecture de ses livres qui traitent de l’histoire des couleurs et d’une couleur par livre, je comprends pourquoi la superstition du vert est né. Pourquoi c’est une couleur si fragile et complexe à obtenir, des histoire de licences compliquent encore son existence en teinture pour tissu. Elle est toxique, représente les mauvais personnages au théâtre. Et sa copine le Jaune n’a pas beaucoup meilleurs réputation.

Il se trouve que le vert et le jaune sont en mer et me viennent naturellement. Il est vrai que ce sont des couleurs difficiles à réaliser. Je crée mes verts, souvent, par le mélange des bleus et des jaunes, dont les verts n’ont pas finit d’avoir leur personnalité propre. J’improvise les mélanges, je les superpose.

Et je rêve devant ses couleurs uniques, dans le sens d’une seule couleur, et non dans sa singularité.

Le monochrome est -il si seul ? Peut on parler d’une seule couleur si j’y mélange tant d’autres couleurs pour obtenir un vert, une nuance de jaune et de rouge ? Pour moi une seule couleur ce serait superposer 10 fois le même vert. Moi, je nuance de nombreux verts. Mais c’est bien une seule couleur que l’on voit.

Souvent l’on parle de monochrome alors qu’il y a très visiblement d’autres couleurs qui se rencontrent sur la surface à peindre, comme chez Sean Scully ou Rothko, certaines peintures d’Aurélie Nemours. Comme Yves Klein, Soulages ou Nemours, j’aime voir la couleur seule et son jeu avec la lumière, sa résonance, la trace du pinceau qui crée une ligne avec le mélange. On peut lui donner tant d’apparences à ce rouge, à ce vert ou ce jaune. Selon la surface on peut le créer avec du jaune d’oeuf ou du blanc d’oeuf. Je teste, je cherche, j’explore, j’expérimente la couleur et sa matière, la surface, le spinnaker et sa matière.

Jaune est aussi très compliqué à obtenir, à travailler. Il me fait penser à la valse brillante de Chopin ou celle du petit chien. C’est vraiment pas facile de travailler une seule couleur, surtout le vert et le jaune.

Et puis ce vert et se jaune en mer, il a un nom, un toponyme, un numéro, le nom d’une couleur différente de sa surface coloré. « Le jaune et rouge et le rouge et jaune » comme me disait une spectatrice venu visiter mon exposition, en lisant à la surface de la toile : « Rouge de Glénan » sur fond jaune et « Basse jaune » sur fond rouge.

C’est le jeu de la peinture et du titre, du toponyme sur lesquels je reviendrai plus tard.

Qu’est-ce que la couleur aujourd’hui ? Qu’est-ce que le monochrome aujourd’hui ?

 

 

 

 

 

 

 

 

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